TRADUCTION

vendredi 11 janvier 2013

FÊTER LA NOEL ET LE NOUVEL AN DANS LE CAMP DES DÉPLACÉS




Où va-t-on passer la fête de Noël ? Où va-t-on passer le réveillon de la nouvelle année ? Ce sont là les deux questions que se sont posées nombre d’habitants de la Planète Terre, à l’approche des fêtes de Noël et de fin d’année. Ces deux fêtes passées, mais pas les inquiétudes. La sœur Delphine jette un regard en arrière. Elle se questionne et nous fait par de ce qu’elle a vécu quelque part … dans le camp des déplacés à Goma.




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La Noël est passée … la fête de la Saint Sylvestre aussi.  Comment a t- on passé ces deux fêtes ?  Les uns  ont passé ces réveillons à l’église, en veillant et en priant pour rendre grâce à Dieu pour ses bienfaits. Les autres les ont passées en s’ennuyant à la maison, dans la « méditation », car ils sont frappés par la fameuse « crise financière ». La plainte est connue : On ne vend pas parce que l’on n’achète pas. On achète pas parce qu’on n’a pas d’argent. La boucle est bouclée. D’autres enfin, ont choisi de passer ces fêtes de Noël et de fin d’année dans des boites de nuit, mangeant, buvant, dansant, bref  s’amusant pour oublier pour un temps tous les soucis de la vie. Je ne porte pas de jugement sur les choix des uns et des autres mais je me questionne.

« Plus de 800.000 déplacés…
                                              entre l’espoir et l’incertitude »

Mais combien parmi  nos compatriotes congolais ont pensé, un seul instant, que plus de  800.000 âmes à l’Est de la RDC  ont passé les fêtes de Noël et de fin d’année 2012 dans les camps des déplacés ? Quand j’ai réfléchi à cette question, ma salive est devenue amère dans ma bouche. Je n’avais pas le temps d’aller voir comment on a embellit la Ville de Goma avec les guirlandes et autres arbres de sapins pour cacher les stigmates de la récente guerre. Les feux d’artifices et jeux de lumière ne m’intéressaient guère. J’ai voulu voir la situation de mes frères et sœurs les déplacés de la énième guerre de Goma en face, sans fausse honte et sans détours. C’est là que j’ai découvert le visage misérabiliste qu’engendrent les conflits armés.















Nos frères et sœurs vivent dans la situation de «  NI PAIX, NI GUERRE » : la pire de situation qui puisse exister pour une personne humaine. Ici, on ne sait pas sur quel pied danser. Ici, on vit entre L’ESPOIR et L’INCERTITUDE. On vit sans aucune assistance. On vivote : On construit soi-même son abri avec les matériaux de fortune qu’on a sous la main. On fait ce qu’on peut et comme on peut. Le confort est loin d’être un objectif du constructeur. Trouver un endroit pour s’abriter contre les intempéries, c’est le seul souci. Je vous épargne de leur souci d’eau et de la nourriture. Un abri provisoire en attendant la prochaine fuite.















Fuite-arrêt-fuite. C’est le cycle des déplacés. Ici, on vit dans le qui-vive. Ici, on est « simple comme la colombe et prudent comme un serpent ». Comment dans cette perspective entendre le cri de Noël du prophète Isaïe : « Un enfant nous est né, un fils nous est donné, l’insigne du pouvoir est sur son épaule. On proclame son nom : ‘Merveilleux-Conseiller ; Dieu-Fort ; Père-à-jamais ; Prince de la PAIX’ ».

Un enfant nous est né…
























J’ai vu la misère des enfants dans les camps de déplacés : marasme et kwashiorkor battent  leur plein. Un Enfant nous est né. Quel enfant ? Enfant déshydraté, diarrhéique, affamé, fatigué et sans force pour chasser même une seule mouche qui suce sa plaie en la rendant plus profonde encore.  Ces enfants-là, je les ai vus. Dans mon impuissance, j’ai tenté de leur redonner un sourire de Noël. Je leur ai donné une paix sans pain … Est-ce là l’image de l’Enfant qui nous est né, de ce Fils qui nous est donné ?

C’est le Prince de la PAIX ...

Quelle Paix ? Cela fait une quinzaine d’années que l’on recherche cette paix sans jamais la trouver. Chaque trois ans, on doit courir : 2003, 2006, 2009, 2012 … la population ne fait que courir dans tous les sens. A quand la fin de ce marathon sans fin? Les rebelles  prennent les armes, les civils sont obligés de courir,  même s’ils ne savent pas vraiment pour quoi ils doivent courir. Au bout du compte, on donne à ceux qui ont pris des armes des cadeaux, des ministères dans le gouvernement et des grades. Et par-dessus tout : oubli leurs crimes contre l’humanité… tout cela, au nom de la Paix. Mais quelle Paix ?  On avait la ferme espérance que ceux qui étaient partis en pourparlers à Kampala, allaient s’enfermer là-bas, travailler sérieusement, discuter, dialoguer, éviter tout sommeil à leurs yeux et tout répit à leurs paupières avant d’avoir trouver la solution au problème des accords entre la rébellion et le gouvernement, voilà qu’ils ont rouvert la porte et chacun est rentré chez lui pour « fêter » d’abord et ensuite seulement, ils reprendront avec les discussions après avoir bien mangé, dansé et bu. Quelle paix attendre de toutes ces rencontres ? Mon scepticisme augmente au jour le jour.

Limites et faiblesses du mandat des forces des Nations Unies en RD Congo


Les forces des Nations Unies sensées maintenir la PAIX à Goma, ont montré leurs limites et leurs faiblesses avec leur mandat qui ne leur permettent pas d’intervenir pour imposer la PAIX. Elles sont réduites à une force d’observation SEULEMENT. On observe, on compte le nombre des morts, des blessés et des violés. On établit une très longue liste macabre et on fait le rapport à qui de droit. Ce que ces forces trouvent mieux à faire, c’est de prendre les jumelles et de regarder de loin la misère qui se passe dans les camps de déplacés sans intervenir. Ainsi s’accompli le proverbe africain qui dit : « La souffrance de l’autre se trouve au-delà de la rivière »















Pour me défouler, je finis cette réflexion par un chant  de Noël composé par Berthet N. Ce chant m’interpelle car  il contient des questionnements mais aussi  des réponses qui nous invitent à exorciser l’indifférence face à la misère de l’autre. En fait, dans son hymne, l’auteur compositeur brûle d’envie de savoir l’endroit, le jour et pourquoi le Christ est né ? Ma réponse, je l’ai trouvée dans les camps des déplacés où la population attend que nous ouvrions nos cœurs et nos mains pour leur venir en aide !
Qui peut me dire l’endroit où le Christ est né ?
Vois, Jésus prend naissance où l’homme commence d’ouvrir son cœur et ses mains
pour changer la vie de ses frères, oui, là, Jésus prends naissance.
Qui peut me dire le jour où Jésus le Christ  est né ?
Vois, Jésus prend naissance quand l’homme commence d’ouvrir son cœur  et ses mains
pour changer la vie de ses frères ; alors, Jésus prend naissance.
Qui peut me dire pourquoi Jésus le Seigneur est né ?
Vois, Jésus prend naissance pour toi qui commences d’ouvrir ton cœur et tes mains
pour changer la vie de tes frères ; pour toi, Jésus prend naissance.

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