TRADUCTION

jeudi 27 septembre 2012

UNE ANNÉE APRES LE DÉCÈS DE LA SOEUR ESPÉRANCE: MESSE DE DÉLIVRANCE SUR LE LAC KIVU


On s’en souvient encore : Cela fait une année, jour pour jour, que le Père Théophile (carme déchaux), la sœur Espérance (carmélite missionnaire thérésienne) et le frère Patrick (postulant carme et étudiant en philosophie) ont trouvé la mort accidentellement sur le lac Kivu alors qu’ils étaient sur le chemin du retour vers leurs communautés respectives, un certain 25 septembre 2011. 

Il faut dire que les circonstances de cette noyade sont restées encore aujourd’hui un grand questionnement car non élucidées voici déjà un an. L’ultime dialogue entre le Père Théophile et le frère Patrick, quelques secondes avant la noyade, a laissé entrevoir qu’il y avait un danger « invisible » mais imminent au devant du véhicule qui a pris la direction du Lac… sans une cause apparente. Dans la foi, cette perte incommensurable de ces jeunes serviteurs et servante de Dieu de la famille carmélitaine a été accueillie.

Les accidents qui se suivent et se ressemblent…

Mais ce qui intriguait le plus les esprits, c’est de voir les mêmes scènes se répéter presqu’au même endroit et dans les circonstances semblables, c’est-à-dire « mystérieuses ». Après accident, les uns s’en sortaient vivants, les autres rentraient dans la maison du Père. Nous n’en voulons pour preuves, les accidents qui ont succédé à celui du Père Théophile et compagnons. Tenez : Un prêtre, accompagné des frères étudiants en philosophie, sur le chemin de retour en communauté, a vu le pneu du devant de sa jeep se détacher inexplicablement au même endroit de l’accident précédent. Ils ont eu la vie sauve grâce à Dieu et aussi grâce au réflexe du prêtre qui était au volant. Sa maitrise dans la conduite a évité le pire. Presqu’au même endroit, un camion de transport en commun avec marchandises et passagers à bord a viré dans le Lac sans motif valable. Bilan : plus d’une dizaine des personnes tuées par noyade et plusieurs biens de valeur disparus au fond du Lac. Le dernier en date, c’est au mois d’août de cette année, toujours au même endroit: cette fois-là, c’est la jeep de la Mission des Nations-Unies qui a failli prendre la direction du Lac, Dieu merci, le chauffeur a lutté de toutes ses forces contre une « pesanteur » pour aller dans la direction opposée. Les accidentés sont vivants et  la jeep, elle,  est irrécupérable car elle est partie se heurter sur le rocher. Ce tronçon était considéré par plus d’un comme « le couloir de la mort ». Tout celui qui s’y engageait devait dire ses dernières prières parce qu’on ne savait vraiment pas si l’on s’en sortirait indemne. Chacun, croyant ou pas, s’arrangeait pour faire quelque chose en vue de conjurer le « mauvais » sort.

Accidents qui font réfléchir et qui font appel à la prière

Tous ces accidents évoqués et bien d’autres passés sous silence ont donné matière à réflexion. Une idée a jailli. Une demande a été exprimée par les usagers de ce tronçon. Il fallait faire quelque chose pour, ne fût-ce que,  dissiper la peur, les craintes et tremblements qui ne faisaient que gagner les esprits. L’idée a trouvé un écho favorable auprès des hommes de Dieu. L’initiative a été prise et la sous commission diocésaine de la pastorale de la santé de l’archidiocèse de Bukavu a projeté une célébration eucharistique sur ce tronçon appelé « AMSAR ». Et pour le faire, l’abbé Jean-Baptiste, animateur diocésain et aumônier de l’hôpital général de Bukavu, après l’accord de l’évêque du lieu,  a recouru au ministère d’exorcisme qu’exerce le Père Ricardo, missionnaire xavérien, qui ne s’est pas fait supplier pour rendre ce service à la grande partie de la population de Bukavu, usager de cette route d’intérêt général. C’est après toutes ces tractations qu’une messe a été programmée le 22 septembre 2012, soit trois jours seulement avant le premier anniversaire du décès du Père Théophile, de la sœur Espérance et du frère Patrick. Simple coïncidence ? Nul d’entre nous ne le sait, sinon Dieu seul !

Messe d’exorcisme sur le Lac à Amsar

C’est à 8 heures 30 minutes que la messe de délivrance a débuté. Une grande foule des chrétiens a répondu à l’invitation pour cette célébration. Parmi eux, les pères carmes : Olivier et Guillaume ainsi que les frères postulants carmes, étudiants en philosophie. Plusieurs prêtres y ont aussi pris part. On pouvait remarquer, dans l’assemblée, la présence des membres de l’association des conducteurs et transporteurs de Bukavu : chauffeurs, motocyclistes, motards, armateurs et piroguiers.






Les lectures choisies pour la circonstance sont éloquentes : la première, tirée du second livre des Rois 2,19-22 où le prophète Elisée a assaini les eaux malsaines en y mettant du sel pour écarter la mort et l’avortement dont étaient frappées les femmes. L’évangile était celui de la Tempête apaisée, la version de saint Luc 8,22-25, où le Christ lui-même a menacé le vent et les tumultes des flots tout en invitant les disciples à exorciser la peur et à avoir la foi.



Dans son homélie, le père Ricardo s’est empêché de « voir » le diable partout. Il a distingué deux catégories d’accidents de circulation : Il y a des accidents causés par l’imprudence du conducteur : l’ivresse, l’excès de vitesse et autres non respect de la loi routière. L’exorciste de l’archidiocèse de Bukavu a profité de l’occasion pour exhorter les conducteurs à la prudence et au respect du code de la route. Mais,  il est aussi des accidents dont on ne peut s’expliquer, accidents qui dépassent l’entendement humain. C’est pour ce genre d’accident qu’il est nécessaire de faire recours à la miséricorde de Dieu pour qu’il délivre la route des tous ces malheurs.

Vers la fin de la messe, le célébrant à invoquer l’assistance de tous les Saints par les litanies après lesquelles il a dit une prière de guérison avant de procéder à la bénédiction de l’eau en vue d’exorciser le lieu où les accidents se font régulièrement. Il y avait plus : les véhicules qui étaient stationnés au parking, parmi lesquels la jeep au bord de laquelle  se trouvaient nos regrettés frères et sœur était au parking, ont reçu la bénédiction.




C’est après cette aspersion que le Père Ricardo, accompagné des quelques prêtres sont entrés à bord d’un canot rapide prêté par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo, pour faire le tour du Lac en y saupoudrant du sel béni. Un chant a été entonné pour rendre grâce à Dieu pour ses merveilles avant la bénédiction les arbustes qui seront plantés le long de cette route comme garde fou pour empêcher les véhicules de plonger dans le lac.

Un seul vœu : « Plus jamais ça »!

Au sortir de la célébration, le seul vœu qui sortait des bouches des participants était que Dieu ait pitié de son peuple et que plus jamais ces genres d’accidents « mystérieux » ne se reproduisent encore sur ce tronçon. 

2011 - 25 SEPTEMBRE - 2012 : COMME SI C’ETAIT HIER…


« Non, je ne meurs pas, j’entre dans la Vie »
                                      « Je sens que ma Mission va commencer… »
(Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et de la Sainte Face)

La date du 25 septembre 2011 avait marqué l’histoire de ville de Bukavu : une jeep qui revenait de Mudaka  s’est dirigée, sans raison apparente, tout droit vers le Lac Kivu, au niveau du lieu appelé ‘Amsar’. Le bilan est lourd: un prêtre, une religieuse et un frère en formation, tous de la famille carmélitaine, ont péri par noyade dans le lac Kivu. Des quatre passagers qui étaient à bord, un seul rescapé dans cet accident mortel. Ce fut une perte incommensurable pour l’Eglise et pour le carmel. Aujourd’hui, 25 septembre 2012, un an après ce douloureux événement, on s’en souvient encore comme si c’était hier.


Pour faire mémoire des illustres disparus : Le Père Théophile Twagirayezu, le frère Patrick Alimasi et la sœur Espérance Nyiraneza, une messe a été organisée ce mardi à 15h30 dans la chapelle de la Communauté Saint Jean de la Croix, des Pères Carmes, à Karhale. Le Père Olivier, troisième conseiller de la délégation générale des carmes du Congo, préside. Sept autres prêtres concélèbrent. La sobre assemblée est composée des carmélites missionnaires thérésiennes et de leurs novices qui assurent les chants, des frères postulants carmes étudiants en philosophie, les membres de la famille biologique du frère Patrick ainsi que de quelques amis et connaissances.


Après avoir rappelé les circonstances de cette disparition tragique et brutale de nos frères et de notre sœur, le Père Olivier a axé son homélie sur les lectures tirées du second livre des Martyrs d’Israël 12,43-46 et de l’Evangile selon Saint Jean14,1-6 qui rappelaient à l’assemblée qu’il est bon de prier pour les morts : c’est parce que nous avons l’espérance en la Résurrection que nous posons cet acte en implorant le Seigneur le pardon et la paix pour les âmes de celles et ceux qui sont passés de l’autre côté.


D’eux nous pouvons attendre leur intercession. Ceux qui sont partis, sont avec le Seigneur. Pour preuve, l’Eglise ne manque jamais de faire mention d’eux à chaque célébration eucharistique. Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus n’avait-il pas dit à la fin de sa vie : « Non, je ne meurs pas, j’entre dans la vie » ? Et que de là-haut, n’avait-elle pas promis une pluie des roses ? Puisque le Père Théophile, le frère Patrick et la sœur Espérance ont consacré leurs vies à la suite du Christ, « Chemin » qui mène au Père, nous sommes sûrs qu’ils partagent la joie éternelle. C’est le Christ que l’a promis dans l’évangile : «  Là où je suis, vous y serez aussi ». Pour terminer, le célébrant a exhorté tous les membres de l’assemblée de ne pas oublier nos frères et notre sœur dans leurs humbles prières.
Après la bénédiction finale, toute l’assemblée a été invitée à se rendre au cimetière pour la cérémonie du dépôt des gerbes des fleurs sur les tombes, moment de grandes et vives émotions.





Car pour certains, c’était leur toute première fois d’arriver en ce lieu, pour d’autre le moment était à la réminiscence aux souvenirs laissés par Théophile, Espérance et Patrick. C’était difficile de retenir ses larmes. Tout le monde a eu le temps de revivre encore ce qui s’est passé il y a un an en ce même lieu, c’était comme si le couteau avait été remué dans la plaie non encore cicatrisée.
C’est après un moment de silence méditatif que le Père Olivier fera une courte prière avant d’asperger les tombes d’eau bénite.
Du cimetière, on s’est dirigé vers le réfectoire de la communauté pour le partage d’un verre de fraternité.

A leur intention, nous faisons monter vers le Seigneur cette prière :
Seigneur, il a fallu que le Christ passe par la mort pour la vaincre avant d’entrer dan la gloire du Ciel ; renouvelle maintenant pour tes serviteurs Théophile, Patrick et ta servante Espérance ce que tu as fait pour ton propre Fils : qu’ils soient, eux aussi, victorieux de la mort et puissent contempler dans toute sa gloire le visage de leur Père qui les a sauvés. Par Jésus le Christ, Notre Seigneur. AMEN