On s’en souvient encore : Cela
fait une année, jour pour jour, que le Père Théophile (carme déchaux), la sœur
Espérance (carmélite missionnaire thérésienne) et le frère Patrick (postulant
carme et étudiant en philosophie) ont trouvé la mort accidentellement sur le
lac Kivu alors qu’ils étaient sur le chemin du retour vers leurs communautés
respectives, un certain 25 septembre 2011.
Il faut dire que les circonstances de cette noyade sont restées encore aujourd’hui un grand questionnement car non élucidées voici déjà un an. L’ultime dialogue entre le Père Théophile et le frère Patrick, quelques secondes avant la noyade, a laissé entrevoir qu’il y avait un danger « invisible » mais imminent au devant du véhicule qui a pris la direction du Lac… sans une cause apparente. Dans la foi, cette perte incommensurable de ces jeunes serviteurs et servante de Dieu de la famille carmélitaine a été accueillie.
Il faut dire que les circonstances de cette noyade sont restées encore aujourd’hui un grand questionnement car non élucidées voici déjà un an. L’ultime dialogue entre le Père Théophile et le frère Patrick, quelques secondes avant la noyade, a laissé entrevoir qu’il y avait un danger « invisible » mais imminent au devant du véhicule qui a pris la direction du Lac… sans une cause apparente. Dans la foi, cette perte incommensurable de ces jeunes serviteurs et servante de Dieu de la famille carmélitaine a été accueillie.
Les accidents qui se
suivent et se ressemblent…
Mais ce qui intriguait le plus les
esprits, c’est de voir les mêmes scènes se répéter presqu’au même endroit et
dans les circonstances semblables, c’est-à-dire « mystérieuses ». Après
accident, les uns s’en sortaient vivants, les autres rentraient dans la maison
du Père. Nous n’en voulons pour preuves, les accidents qui ont succédé à celui
du Père Théophile et compagnons. Tenez : Un prêtre, accompagné des frères
étudiants en philosophie, sur le chemin de retour en communauté, a vu le pneu
du devant de sa jeep se détacher inexplicablement au même endroit de l’accident
précédent. Ils ont eu la vie sauve grâce à Dieu et aussi grâce au réflexe du
prêtre qui était au volant. Sa maitrise dans la conduite a évité le pire. Presqu’au
même endroit, un camion de transport en commun avec marchandises et passagers à
bord a viré dans le Lac sans motif valable. Bilan : plus d’une dizaine des
personnes tuées par noyade et plusieurs biens de valeur disparus au fond du Lac.
Le dernier en date, c’est au mois d’août de cette année, toujours au même
endroit: cette fois-là, c’est la jeep de la Mission des Nations-Unies qui a
failli prendre la direction du Lac, Dieu merci, le chauffeur a lutté de toutes
ses forces contre une « pesanteur » pour aller dans la direction
opposée. Les accidentés sont vivants et
la jeep, elle, est irrécupérable
car elle est partie se heurter sur le rocher. Ce tronçon était considéré par
plus d’un comme « le couloir de la mort ». Tout celui qui s’y
engageait devait dire ses dernières prières parce qu’on ne savait vraiment pas
si l’on s’en sortirait indemne. Chacun, croyant ou pas, s’arrangeait pour faire
quelque chose en vue de conjurer le « mauvais » sort.
Accidents qui font
réfléchir et qui font appel à la prière
Tous ces accidents évoqués et
bien d’autres passés sous silence ont donné matière à réflexion. Une idée a
jailli. Une demande a été exprimée par les usagers de ce tronçon. Il fallait
faire quelque chose pour, ne fût-ce que,
dissiper la peur, les craintes et tremblements qui ne faisaient que
gagner les esprits. L’idée a trouvé un écho favorable auprès des hommes de Dieu.
L’initiative a été prise et la sous commission diocésaine de la pastorale de la
santé de l’archidiocèse de Bukavu a projeté une célébration eucharistique sur
ce tronçon appelé « AMSAR ». Et pour le faire, l’abbé Jean-Baptiste,
animateur diocésain et aumônier de l’hôpital général de Bukavu, après l’accord
de l’évêque du lieu, a recouru au ministère
d’exorcisme qu’exerce le Père Ricardo, missionnaire xavérien, qui ne s’est pas
fait supplier pour rendre ce service à la grande partie de la population de
Bukavu, usager de cette route d’intérêt général. C’est après toutes ces
tractations qu’une messe a été programmée le 22 septembre 2012, soit trois
jours seulement avant le premier anniversaire du décès du Père Théophile, de la
sœur Espérance et du frère Patrick. Simple coïncidence ? Nul d’entre nous
ne le sait, sinon Dieu seul !
Messe d’exorcisme sur
le Lac à Amsar
C’est à 8 heures 30 minutes que
la messe de délivrance a débuté. Une grande foule des chrétiens a répondu à
l’invitation pour cette célébration. Parmi eux, les pères carmes : Olivier
et Guillaume ainsi que les frères postulants carmes, étudiants en philosophie. Plusieurs
prêtres y ont aussi pris part. On pouvait remarquer, dans l’assemblée, la
présence des membres de l’association des conducteurs et transporteurs de
Bukavu : chauffeurs, motocyclistes, motards, armateurs et piroguiers.
Les lectures choisies pour la
circonstance sont éloquentes : la première, tirée du second livre des Rois
2,19-22 où le prophète Elisée a assaini les eaux malsaines en y mettant du sel
pour écarter la mort et l’avortement dont étaient frappées les femmes.
L’évangile était celui de la Tempête apaisée, la version de saint Luc 8,22-25,
où le Christ lui-même a menacé le vent et les tumultes des flots tout en
invitant les disciples à exorciser la peur et à avoir la foi.
Dans son homélie, le père Ricardo
s’est empêché de « voir » le diable partout. Il a distingué deux catégories
d’accidents de circulation : Il y a des accidents causés par l’imprudence
du conducteur : l’ivresse, l’excès de vitesse et autres non respect de la
loi routière. L’exorciste de l’archidiocèse de Bukavu a profité de l’occasion
pour exhorter les conducteurs à la prudence et au respect du code de la route.
Mais, il est aussi des accidents dont on
ne peut s’expliquer, accidents qui dépassent l’entendement humain. C’est pour
ce genre d’accident qu’il est nécessaire de faire recours à la miséricorde de
Dieu pour qu’il délivre la route des tous ces malheurs.
Vers la fin de la messe, le
célébrant à invoquer l’assistance de tous les Saints par les litanies après
lesquelles il a dit une prière de guérison avant de procéder à la bénédiction de
l’eau en vue d’exorciser le lieu où les accidents se font régulièrement. Il y
avait plus : les véhicules qui étaient stationnés au parking, parmi
lesquels la jeep au bord de laquelle se
trouvaient nos regrettés frères et sœur était au parking, ont reçu la
bénédiction.
C’est après cette aspersion que
le Père Ricardo, accompagné des quelques prêtres sont entrés à bord d’un canot
rapide prêté par la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la
Stabilisation du Congo, pour faire le tour du Lac en y saupoudrant du sel béni.
Un chant a été entonné pour rendre grâce à Dieu pour ses merveilles avant la
bénédiction les arbustes qui seront plantés le long de cette route comme garde
fou pour empêcher les véhicules de plonger dans le lac.
Au sortir de la célébration, le
seul vœu qui sortait des bouches des participants était que Dieu ait pitié de
son peuple et que plus jamais ces genres d’accidents « mystérieux »
ne se reproduisent encore sur ce tronçon.
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