Une demeure pour notre regrettée consœur ESPERANCE
au « Jardin Des Vivants »
de Karhale.
au « Jardin Des Vivants »
de Karhale.
Huit
mois après l’entrée dans la vie de leurs frères Théophile et Patrick ainsi que
leur sœur Espérance, les carmélites missionnaires
thérésiennes et les carmes déchaux ont pensé donner une sépulture digne aux
illustres disparus par la construction des tombes. C’est une manière d’affirmer,
avec une visibilité sur la terre, que ceux
qui sont partis ont déjà une demeure éternelle dans les cieux.
Ce que l’on appelle
maladroitement et tristement : « tombes des morts » ou « cimetière »,
c’est en réalité un « jardin des vivants »
car ceux qui sont passés sur l’autre rive sont aussi, et davantage, vivants que
nous. Sinon, aucun vivant ne se donnerait
la peine de construire et d’aménager
proprement l’endroit où l’on avait déposé les corps de nos frères et sœurs défunts. Le seul fait d’effectuer
les travaux d’aménagement prouve que ceux qui ont quitté cette vie, sont entrés
dans la Vie de Dieu. Nous n’en voulons pour preuve, les paroles de Sainte
Thérèse de l’Enfant-Jésus à la fin de sa vie: « Non, je ne meurs
pas, j’entre dans la Vie ! »
Dans la célébration de la messe,
il est heureux de constater qu’il n’existe pas une prière eucharistique qui ne
comporte au moins une mention de « ceux qui se sont endormis dans
l’espérance de la résurrection ».
C’est dans la célébration eucharistique que nous pouvons, en toute certitude, retrouver,
rejoindre, rencontrer ceux qui nous ont précédé. Le célèbre écrivain Sénégalais
Borago Diop ne s’est pas trompé quand, dans son célèbre poème tiré des Contes
D’Amadou Koumba, il a affirmé haut et fort que : « les morts ne sont pas
morts ».
Huit mois après la tragique disparition
du Père Théophile, du frère Patrick et de notre sœur Espérance, les plaies
causées par cet événement, ô combien troublant, commencent à se cicatriser pour
les uns. Et pour les autres, cette cicatrisation tarde encore à venir. Quoi qu’il en soit, il était plus que temps de
sécher les larmes et de penser à offrir
à ceux qui sont partis une sépulture
digne des frères et sœurs de la bienheureuse Vierge Marie du Mont Carmel.
C’est en la solennité de Notre Père
Saint Joseph, que la première pioche a creusé la terre fraîche de l’endroit où les
corps de nos frères et notre sœur reposent, pour le début des travaux
d’aménagement de leurs dernières demeures. A l’heure où nous couchons ces
lignes, nous pouvons affirmer, sans risque de nous tromper, que c’est
maintenant chose faite : « le jardin des vivants » qui se trouve
dans l’enceinte du couvent Saint Jean de la Croix de nos Pères carmes à Karhale
(Bukavu) , a maintenant trois ‘demeures’ bien faites, avec chacune une pierre blanche
en marbre sur laquelle sont inscrites à
tout jamais leurs noms, leurs dates de naissance et cette date fatidique et inoubliable
du 25 septembre 2011, date de la noyade.
Il n’est pas inutile de souligner
que ces travaux ont connu la participation des carmélites missionnaires thérésiennes
et des carmes déchaux. Le tout, sous la supervision du Père Oliver, curé de la
paroisse Notre Dame de la Miséricorde.
C’est comme cela que nous avons
pensé honorer et donner de la valeur à nos frères et à notre sœur après leur
‘entrée dans la vie’. Khalil
Gibran enfonce le clou au sujet de cette valeur à donner à la vie quand il
pense que « la
valeur de la vie n’est pas en sa surface mais dans ses profondeurs, les choses
ne sont pas dans leur écorce mais dans leur noyau et les hommes ne sont pas
dans leur visage mais dans leur cœur »
La
conclusion de ces lignes revient à Jean Cocteau qui, du reste, est une
invitation à ne jamais oublier ceux qui sont partis : « le vrai tombeau des morts, c’est le cœur des vivants ».