Les premières
triplées du Centre de Santé de référence Mont Carmel
La
naissance des triplés n’arrive pas tous
les jours dans un centre de santé. Depuis son inauguration officielle en 1997,
c’est pour la toute première fois qu’un accouchement des triplées ait lieu au
centre de Santé de référence Notre Dame du Mont Carmel, tenu par les sœurs
carmélites missionnaires thérésiennes de Goma. Celle qui a été capable de porter et de supporter
tous les poids de ces trois êtres dans son sein pendant neuf mois durant, Maman
Adèle c’est son nom. C’est elle, la
plus heureuse entre toutes les femmes qui ont accouché le samedi 20 avril 2013.
Pour marquer cet événement qui, au fond,
est un cadeau du ciel, les sœurs carmélites, avec l’accord des parents, n’ont pas hésité de donner à ces jolies
petites filles les noms des archanges, au féminin : la première, GABRIELA,
la seconde MICHAELA et la
troisième RAFFAELA. Cette nomination a mis fin
aux polémiques entre celles et ceux qui s’empressaient à donner divers noms aux
triplées. Même si l’accouchement s’est fait par césarienne, la joie de voir ses
trois enfants venir au monde était au dessus de toute douleur désormais loin
derrière elle.
Pas trois sans
deux…
Pour
la petite histoire, rappelons que cette grossesse est pour maman Adèle la
deuxième précédée d’une première soldée tristement pas l’avortement des jumelles.
La nature vient de confirmer, par cet accouchement, qu’il n’y a pas TROIS sans
DEUX. Comme une trainée de poudre, la nouvelle de la naissance des triplées
s’est rependue dans tout le quartier Katindo puis, dans la Ville de Goma. De
partout, on accourait pour voir et si possible toucher les triplées et leur
mère. Il n’est pas inutile de souligner que cette
grossesse a été suivie « précieusement » jusqu’à l’accouchement, avec
une attention redoublée du Docteur Rogatien Mwanjalulu, gynécologue de
formation, qui travaille dans le centre de Santé de référence. L’intervention chirurgicale a été faite aussi par lui-même pour boucler la boucle de
ces neuf mois de suivi ininterrompu.
Le rendez-vous du « donner »
et du « voir »
Face à l’afflux des
gens, il fallait prendre de mesure pour limiter les visites oiseuses des
curieux. La sœur responsable du centre a posé une seule condition : tout celui qui veut visiter les triplés et leur mère,
est invité à donner quelque chose. Cette condition est motivée par la situation
de cette famille bénéficiaire des triplés : le père est au chômage pour le
moment, et donc, incapable de bien prendre en charge la mère et ses enfants. En
plus, les nouveau-nés ont besoin d'un
supplément de lait car le lait maternel ne suffirait
pas pour bien nourrir triplés qui, souvent sont fragiles. Puisque
l’exemple devait venir d’en haut, les sœurs
carmélites ont apporté leurs cadeaux (petits bateaux, robettes, moustiquaires
etc.). Parmi les bienfaiteurs occasionnels, on a aussi noté la présence des
petits anges de TERESA MIRA, un complexe
scolaire tenu par les sœurs carmélites, situé à cinq minutes seulement du
Centre de santé. Mobilisés par les sœurs Espérance Mukarutesi et Clarisse Epepe, ces petits anges ont contribué
modestement par le don de savon en poudre pour la lessive des linges et un peu
de nourriture pour la maman.
Visite-surprise : les anciens triplés visitent les
nouvelles…
Parmi les curieux, on a noté la présence des
visiteurs-surprises : une autre maman avec ses triplés. Avec un visage
triste, elle se confie à la sœur Delphine, responsable du centre de
santé : « J'ai appris dans la
rue qu'il y a une femme qui a eu des triplées au Carmel. Je suis venue par
curiosité car je pensais que j'étais la seule à Goma. Mon mari a été tué et m'a
laissée enceinte. Une femme de bon coeur m'a prise chez elle et m'a hébergée par
pitié. Comme elle est commerçante, je passe la journée au marché pour vendre
ses marchandises, en échange, pour avoir un peu de savon pour lessiver les
linges de mes enfants et pour manger. Mes triplés ont 16 mois et portent
les noms de : « Shadrack, Méschack et Abednégo. Etant chrétienne, je
connais l’histoire de trois enfants dans la fournaise et comme ils sont tous
des garçons, l’idée m’est venue de leur donner ces noms ».
A ces mots, la mère des anciens triplés est repartie
vers son lieu de travail habituel comme s’il n’était rien passé ce jour-là. .. Mais
tout au fond de son cœur, elle porte une vérité : elle sait
maintenant qu’elle n’est plus la seule à avoir mis au monde des triplés…
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