Soeur Adèle Mwamini, CMT/ Sénégal |
Il
s’est tenu, à Thiès (à 75 kilomètres de Dakar), une session de formation à la vie religieuse, du 4 au 11
Août 2014 dans l’enceinte du collège Sainte Ursule, session destinée aux jeunes profès et professes des
différentes communautés. Parmi eux, une seule carmélite missionnaire
thérésienne : la sœur Adèle Mwamini. A l’intention de ses consœurs
empêchées en raison d’une juste cause, elle partage ce qu’elle a reçu
gratuitement. Aimer, a dit Sainte Thérèse de Lisieux, c’est donner, tout donner et se donner soi-même. C’est ce qu’elle
a tenté de mettre en pratique dans cette restitution faite en toute fidélité.
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Les
trois états du « Moi » ...
et le développement humain
Quatre infatigables animateurs nous ont
accompagné pendant une semaine: les sœurs Marie-Louise de la congrégation
de filles de la Résurrection, Anne Marie de la congrégation des filles du Saint Cœur de
Marie, Agnès Rita de la congrégation de l’Immaculée conception ainsi que le
frère Paul de la congrégation des frères du Sacré cœur de Jésus.
La session a
eu comme thème centrale : « La formation de la communauté » subdivisé
en trois grandes parties :
Dans un premier temps il nous a été
décrit le fondement humain des relations interpersonnelles dans son aspect psycho
–social constitué des trois états du « moi » :
Parent, enfant et adulte considérés comme des systèmes de pensées,
d’émotions et de comportements liés à des différentes étapes du développement d’un
individu et même d’un groupe.
Dans le moi parent il faut distinguer
le parent normatif du parent nourricier. Le premier peut pousser quelqu’un à l’inadaptation
à la situation actuelle, car la loi et les coutumes peuvent être dépassées par
des réalités nouvelles et imprévues. Le second parent, quant à lui, encourage
la faiblesse et excuse l’inefficacité.
En ce qui concerne le moi enfant, nous avons noté les différentes attitudes
dont celle de l’enfant spontané, de l’enfant soumis qui conduit à
l’indécision, au trouble, à la culpabilité, à la destruction de la
personnalité ; de l’enfant rebelle qui conduit à la destruction également,
car la violence peut détruire l’autre en
tout. Cependant, cet état peut être
positif quand il protège contre les excès du pouvoir.
Le Moi adulte, lui, reste neutre à l’égard
du parent et de l’enfant. Le moi adulte collecte des informations nécessaires,
il les analyse et en tire des
conclusions rationnelles, ou en détermine les probabilités. Ainsi il met des
hypothèses sans jugement des valeurs et sans émotions. C’est donc, ce dernier
état du moi qui nous est recommandé. Il importe de souligner que la personne
n’est jamais adulte, elle le devient au fil du temps. Ce qui revient à dire que
dans notre façon de nous connaître en communauté, nous naviguons d’un état à
l’autre, mais le seul idéal c’est de tendre toujours vers le moi adulte. C’est surtout quand il y a mauvais fonctionnement
de ces états du « moi » que surgissent aussi l’échec dans nos
relations communautaires. Raison pour laquelle il nous faut une relecture de
nos dialogues pour apprendre à reconnaître qui parle en nous et ainsi repérer,
peu à peu, ce qui fonctionne correctement en nous et ce qui fonctionne moins bien.
Nous construirons nos communautés, quand nous travaillerons à nous réguler nous-mêmes.
Un travail sur soi à travers la relecture des événements, des dialogues et des
rencontres et par là, accueillir l’autre comme celui qui m’échappe, que je ne
peux maîtriser, qui est hors de moi et de mon pouvoir. Ainsi, j’accueille sa
différence avec respect.
La
communion fraternelle et expérience du Ressuscité
Le second temps nous a plongé dans
l’aspect spirituel et théologique de la formation de la communauté. Tout au
long de cette partie, les animateurs nous ont permis d’abord de comprendre la présence du Christ Ressuscité
dans la communion fraternelle. Pour y arriver,
une phrase tirée de l’exhortation apostolique
post-synodale Vita consecrata a éclairé notre démarche: « la communion fraternelle avant d’être un
moyen pour une mission déterminée, est un lien théologal où l’on peut faire
l’expérience du Seigneur Ressuscité».
L’accueil des dons gratuits de la foi,
l’espérance et la charité, et leur mise en œuvre persévérante entre frères et
sœurs unis en son nom mérite d’être signalé car les charismes ne sont rien sans
la charité(1co 13,1-3). En plus, il faut
toujours nous enraciner dans nos charismes respectifs car les situations
nouvelles invitent à revivre les attitudes du fondateur confronté à son milieu
et à la nouveauté de son époque. A la fin de cette séquence, les conférenciers
n’ont pas manqué de mettre l’accent sur
la présence du Christ pauvre, chaste, et obéissant qui est au milieu de nous, qui rend nos relations possibles et à qui nous
devons chercher à nous configurer à tout instant. Pour bien vivre ces
engagements, il nous faut une lutte continuelle. Et ce qui nous aidera à bien
lutter c’est, entre autres: la vie de prière fervente, la maîtrise de soi,
de bonnes relations en communauté, l’ouverture /accompagnement, souci et
option pour les pauvres, l’amour du travail manuel, le respect de la personne
de l’autre, la charité fraternelle et…. le sport.
Pour
une communication franche et sincère…
En dernier lieu, nous avons eu à
partager sur la communication franche et
sincère qui est un chemin de communion fraternelle ; sur le discernement
d’ensemble des questions et situations importantes qui touchent la communauté ;
sur le projet communautaire qui est expression et apport des personnes et de leur unité ainsi que sur la formation reçue
dans la communauté qui est une école de la formation permanente au quotidien.
Il n’est pas inutile de souligner que chaque
soir, nous avions une veillé de prière,
et après le souper, un temps de détende et de recréation animée par les chants
et les danses, des jeux et autres saines blagues. Pour passer de la théorie à
la pratique, il y avait, toutes les matinées,
tout comme tous les après-midis, un moment de travail en équipe, un temps
d’intériorisation et un temps de partage.
Et puisqu’il nous faut apprécier la
session à sa juste valeur, disons qu’elle a été vraiment intéressante et enrichissante
car elle nous aidé à comprendre le rôle déterminant des relations
interpersonnelles dans la formation de la communauté.
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