Vie consacrée
dans une Afrique assoiffée de fécondité….
Le Concile
Vatican II dans la Constitution Lumen Gentium affirme que «l'état religieux
imite de plus près et représente perpétuellement dans l'Eglise la forme de vie
que le Fils de Dieu a prise en entrant dans le monde pour faire la volonté du
père, et qu'il a proposé aux disciples qui le suivaient» (LG n°44). Le
caractère radical de l'imitation du Christ et l'engagement total au service de
l'Eglise, fait de chaque communauté et de chacun de ses membres un signe de vie
évangélique et un témoignage vivant qui fait réfléchir et attire vers le Père
le Peuple de Dieu sur le chemin de la sainteté et du don personnel au service
des frères.
Dans une Afrique
assoiffée de fécondité où chacun se réclame de telle famille ou de tel clan, le
témoignage d'une vie fraternelle vécue en communauté par des personnes
sans aucun lien de sang ne laisse personne indifférent. C'est une vie qui
attire l'attention, qui interroge et interpelle. Les consacrés sont objet de
curiosité. Leur vie a un impact sur la population environnante. Ils sont une
référence dans le milieu.
«Par
conséquent les consacrés sont invités à répondre à la vocation à laquelle ils
ont été appelés, dans un esprit de communion et de collaboration avec leurs
évêques respectifs, le clergé et les laics»
Poursuit même n°94 de EA.
Le but de l'implantation d'un institut religieux dans un diocèse étant toujours de participer et collaborer à la mission de l'Eglise locale selon son charisme et son identité propres, il nous semble important de préciser avec Silvia Recchi que «l'édification de l'Eglise locale passe par la fidélité à ce fondement charismatique et à ses exigences propres, et non par une activité indifférenciée exercée pour boucher les trous restés ouverts dans la pastorale diocésaine», Comme parfois cela se passe avec les missionnaires dans certains diocèses.
Souvent le
clergé diocésain ignore la présence et l'importance des religieux(ses) si ces derniers ne participent pas directement
dans la pastorale paroissiale alors que la présence d'une communauté dans une
paroisse est déjà une mission. En effet les religieux (ses) contribuent à l'évangélisation
par le témoignage de leur vie même en fidélité au charisme propre. Les
communautés religieuses où règne l'unité d'âme et de cœur sont des authentiques
lieux de rayonnement de vie et de fécondité chrétienne;
Les Pères du
synode pour l'Afrique eux-mêmes ont constaté qu'un peu partout dans les Eglises
locales, les vocations religieuses sont en très forte croissance. Cette
croissance est porteuse d'un grand dynamisme et d'une vitalité qui font vivre
et avancer les églises locales sur le chemin de la sainteté.
Comme des
veilleurs dans la nuit, les religieux scrutent les signes du Royaume et de sa
justice illuminés par l'amour personnel du Christ et des pauvres. Ils écoutent
ce que Dieu dit à travers ces signes et deviennent une référence pour les
populations en quête de Dieu et du sens à leur vie. En fait ils ont une parole
à offrir de la part de Dieu et leur présence rassure et dynamise ceux vers qui ils sont envoyés.
Leur
engagement déterminé auprès des plus pauvres et des laissés pour compte, leur
présence active dans le domaine de la justice et de la paix pour faire retentir
la voix des sans voix même au risque de leur vie est remarquable. La présence
des consacrés dans des villages réculés en proie à l'insécurité rassure et
soutient l'espérance des populations même si ces consacrés ne peuvent pas les
protéger contre les agresseurs. Au contraire, bon nombre d'entre eux ont été
enlevés et assassinés (en RDC par exemple, une communauté de 4 pères
assomptionnistes dans le diocèse de Beni, une communauté des sœurs de la
résurrection dans le diocèse d'Uvira et une communauté des sœurs de Saint
Vincent dans le diocèse de Goma pour
ne citer que ceux-là).
Le rapport
final de l'Assemblée des Supérieurs majeurs du Cameroun tenue à Yaoundé en mars
2006 rapporte aussi que la vie consacrée a contribué généreusement à la
naissance et à la croissance de l'Eglise du Cameroun: fondations, vie donnée
par de nombreux missionnaires, multiples moyens d'apostolat pour ne donner que
cet exemple qu'on pourrait étendre sur bien d'autres Eglises locales.
La croissance
de la vie consacrée en Afrique comme
celle de l'Eglise qui chemine en Afrique elle-même se fait remarquer aussi dans
le domaine de la mission universelle de l'Eglise. L'Assemblée des Evêques
réunie en Synode pour le continent africain l'a
reconnu avec reconnaissance à Dieu.
Le Pape Paul
VI dans son exhortation post-synodale Evangel Nuntiandi, parlant des ouvriers
de l'Evangile encourage la vie consacrée
en ces termes qui gardent encore aujourd'hui toute leur saveur et leur actualité:
«Les religieux, eux, trouvent dans leur vie consacrée un moyen privilégié
d’évangélisation efficace. Par leur être le plus profond ils se situent dans le
dynamisme de l’Eglise, assoiffée de l’Absolu de Dieu, appelée à la sainteté.
C’est de cette sainteté qu’ils témoignent. Ils incarnent l’Eglise désireuse de
se livrer au radicalisme des béatitudes. Ils sont par leur vie signes de totale
disponibilité pour Dieu, pour l’Eglise, pour les frères»
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