La vie communautaire :
un grand défi pour les personnes consacrées
a) Les défis de la Vie Consacrée en Afrique
La Vie Consacrée en Afrique fait face à des
nombreux défis. Nous ne citerons que quelques-uns en guise d'illustration
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L'attachement excessif à la
famille
Comme nous le rappelle le P. Richard, un attachement excessif à la
famille et à son soutien matériel peut conduire une personne à perdre une
partie de sa liberté dans ses décisions. Cela a des implications sur l'appel à
vivre la pauvreté évangélique pour la Mission de Dieu.
–
La vie en communauté
La vie en communauté est un grand défi pour les
religieux.
Bien que la vie fraternelle en communauté soit le
signe de communion par excellence car, bien vécue elle fait resplendir la
beauté de la communion trinitaire, il arrive que nous ternissions son visage
par nos conflits. Comme l'affirme le Père Richard «Lorsque les communautés
religieuses étaient composées en majorité d'étrangers, nous n'étions pas
toujours conscients des divisions et des luttes internes. Par contre, dans la
configuration actuelle des communautés, il y a parfois la tentation, dans
certains cas, que des membres prennent le parti de personnes de leur pays ou de
leur tribu ou clan, sans se demander si c'est en faveur du bien commun ou non.
Dans ces cas, ce n'est plus l'obéissance à la Parole de Dieu et la vie comme
famille de Jésus qui prime, mais plutôt l'origine physique de la personne.».
–
Autorité et pouvoir
On observe chez certains consacrés une perte du
sens de l'autorité comme service. Il arrive que des personnes investies
d'autorité dans les Instituts cèdent à la tentation d'en jouir comme d'un
pouvoir qui garantit privilèges, honneurs et avantages. Il y a tendance à
conduire les communautés à la manière que le font les puissants avec leur
subalternes vidant ainsi l'autorité religieuse
de son vrai sens de diaconie.
–
Individualisme et consumérisme
La soif de développement personnel peut, et parfois arrive, à mener une
personne à agir
Seule, selon ses ambitions et désirs personnels. On peut facilement se
laisser influencer par ce qui est à la mode et tomber dans une attitude de
consommateur. L'épanouissement personnel devient plus important que le but
commun à atteindre dans notre participation à la mission de Dieu. Dans ce cas,
la personne n'est plus consacrée à Dieu, mais à elle-même. Cela affecte la
qualité du témoignage
–
Prendre la Culture comme “Bouc émissaire” pour justifier l'échec de
vivre selon les Conseils Evangéliques
Parfois la culture peut être utilisée comme bouc émissaire ou excuse
pour ne pas vivre
Pleinement l'appel radical de l'Evangile et l'engagement au célibat
consacré, à la pauvreté et à l'obéissance. Par exemple, en disant que les
Africains aiment la vie, on affirme que le célibat est contre la culture
africaine, et que la promiscuité sexuelle est permise. Et pourtant, c'est
opposé à la culture parce que, en fait, la culture ne soutient pas cela. C'est
la promiscuité sexuelle qui devrait être reconnue comme étrangère et non le
célibat consacré. Un sens profond de la valeur évangélique de l'oblation totale
de la consécration et du don de soi est nécessaire pour ne pas suivre deux
chemins en même temps, ce qui conduit à une double vie. L'exemple de la
Bienheureuse Anuarite du RD Congo montre qu'il y a un prix à payer pour la
fidélité à un engagement.
Les textes du magistère recommandent instamment de vivre en pleine
communion avec l'Ordinaire du lieu, en particulier dans le domaine de l'évangélisation,
de la catéchèse et de la vie des paroisses, il arrive que cette collaboration
soit compromise par des malentendus entre les parties. Il est important de
connaître ces textes pour savoir se situer en cas de conflit;
b) Facteurs qui la favorisent
La culture
et les traditions africaines sont porteuses de beaucoup de valeurs qui ont constitué des
pierres d'attentes pour l'accueil de l'Evangile et de la vie consacrée. Parmi
ces valeurs qui sont nombreuses nous en soulignerons seulement quelques-unes
qui rejoignent les valeurs de la vie consacrée
- La foi en l'Existence de Dieu
Créateur et son Omniprésence dans la vie
En Afrique, la croyance en Dieu est évidente. Dieu
est placé au centre de l'existence et la référence à Lui est constante. N'est-ce pas
cela que la vie consacrée se propose comme idéal? Mettre Dieu comme fondement
de notre vie.
–
Le rôle de la famille
universellement considérée comme fondamentale. Ouvert au sens de la famille, de
l'amour et du respect de la vie, l'africain aime les enfants qui sont
accueillis comme un don de Dieu.
–
Le respect de la Vie et de la
Dignité de chaque Personne
«Il y a une conscience commune que la vie vient
de Dieu et que nous la recevons dans le but de la transmette avec respect à la
prochaine génération.» Cette vie humaine est sacrée, et comme telle
elle doit être protégée. La dignité de
chaque personne est respectée car
chacun a sa propre et indéniable individualité. Sa destinée propre.
–
La Vie Communautaire
Dans la famille africaine, la vie communautaire a
une grande importance.
«Le fait de vivre et de manger ensemble, de
jouer ou de souffrir ensemble, affermit les liens dans la communauté.
L'individu est toujours identifié comme membre d'une famille ou d'un clan et
non pas seulement reconnu pour lui-même ou pour ses réalisations. Ceci est une
valeur fondamentalement chrétienne qui fait référence à la source de la vie
dans le Dieu Trinitaire. Dieu est une communauté ouverte et source de vie.
Chaque personne existe en relation à l'autre, mais elle est aussi distincte, et
a un rôle défini dans l'histoire du salut. Le fait que des personnes de
différentes cultures écoutent le même appel et choisissent de s'entraider à
répondre à cet appel en vivant en communauté est une force».
Les sociétés africaines sont généralement marquées
par un sens profond de solidarité qui offre un terrain fertile à la vie
consacrée car elle est une force d'amour et d'affection entre les membres de la
même famille,
Conclusion
Comme nous l'avons souligné, la vie consacrée en Afrique est une réalité vivante et
dynamique qui constitue une espérance pour toute l'Eglise. Elle a une vie autonome
et chemine à petit pas mais sûrement
sous les hospices de l'Eglise Mère qui la soutient et l'encourage. Elle
s'organise et tend vers une autonomie qui la rendra vraiment adulte.
Certes, la vie consacrée en Afrique a beaucoup de
défis à relever pour devenir ce qu'elle est appelée à être vraiment. Mais ces
défis sont plutôt à considérer comme une grâce qui la stimule et l'aide à
avancer au large.
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